Le site du Professeur
Claude Hamonet

 

 Page précédente  Page d’accueil  Biographie  Publications - Communications - Travaux historiques  Actualité Glossaire des termes de l’handicapologie et de la réadaptation  Sélection d’articles et de cours  Annexes et liens externes  Retour à la liste  Page suivante  English version    Contacter Claude Hamonet

Syndrome d’Ehlers-Danlos hypermobile

Conséquences sur la mesure du score de Beighton

Discussion sur la valeur diagnostique de ce test

À propos de 119 cas

Poster/Affiche. Premier symposium international sur le syndrome d’Ehlers-Danlos, Gand, Belgique, du 8 au 11 septembre 2012.

Pr. C. HAMONET, Service de Médecine Physique et de Réadaptation, Groupe hospitalier Cochin-Port-Royal-Hôtel-Dieu, 1 place du Parvis Notre-Dame, 75004, Paris, France. Centre de référence de la maladie de Fabri et des maladies héréditaires du tissu conjonctif, 104 Boulevard Raymond-Poincaré, 92380 Garches, France.

E. Vlaminck, Orthopédie Vlaminck, 34 rue de l‘Orangerie, 78000 Versailles, France.

N. Serre, Association Apprivoiser le syndrome d’Ehlers-Danlos (les Intermittents du handicap), ASED, 119 rue Bellevue, 91330 Yerres, France.

 

Introduction

L’hypermobilité articulaire est, dans le syndrome d’Ehlers-Danlos (SED), le signe historiquement le mieux connu. Il est présent dans la description du cas unique d’Ehlers (« Les doigts sont le siège de subluxations externes presque à angle droit ») en 1900 (1). Il reste, jusqu’à présent, l’un des signes considéré, par beaucoup, comme très important pour authentifier ce diagnostic.

L’examen, au quotidien, de personnes avec un syndrome d’Ehlers-Danlos, nous a fait découvrir, de façon surprenante, la fréquence des rétractions des muscles fléchisseurs des cuisses mais aussi, des triceps suraux et des aponévroses plantaires.

 

Matériel & méthodes

L’étude porte sur 119 personnes ayant un syndrome d’Ehlers-Danlos de type hypermobile.

La mesure de la rétraction des muscles ischio-jambiers se fait par la manœuvre de Lasègue. Le sujet est allongé complètement sur le dos, genou maintenu tendu par la main de l’examinateur, le bassin ne doit pas se soulever (compensation au niveau de la charnière lombo-sacrée). Nous avons retenu, comme significatif d’une rétraction, compte tenu des difficultés d’examen chez ces patients, un angle de flexion de la cuisse, genou en extension, égal ou inférieur à 80 degrés. Il faut aussi être prudent, lors de la manœuvre pour ne pas luxer la hanche. Ce qui nous est arrivé une fois !

Nous avons établi 4 degrés de rétraction des ischio-jambiers : 1 (80° à 59°), 2 (60° à 44°), 3 (45° à 29°), 4 (30° à 0°), en sachant que moins le chiffre de cotation de l’angle membre inférieur tendu-table d’examen est faible, plus la rétraction est importante.

Parallèlement, nous avons mesuré la distance doigts-sol, la possibilité de mettre la paume de la main à plat sur le sol, calculé le score de Beighton (2, 3 , 4) et le degré de rétraction plantaire en appréciant le creusement de la voûte plantaire au podoscope. Nous avons choisi la cotation suivante : 1 (1/3 de la plante), 2 (La moitié de la plante), 3 (les 2/3 de la plante), 4 (la totalité de la plante). La rétraction du triceps, fréquente et modérée, n’a pas été notée systématiquement.

Beighton score (1, 2, 3)
1
More than 10º hyperextension of the elbows
2
Passively touch the forearm with the thumb, while flexing the wrist.
3
Passive extension of the fingers or a 90º or more extension of the fifth finger (Gorling’s sign). This is used as a “Screen Test”.
4
Knees hyperextension greater than or equal to 10º (genu-recurvatum).
5
Touching the floor with the palms of the hands when reaching down without bending the knees. This is possible as a result of the hypermobility of the hips, and not of the spine as it is commonly believed.

 

Résultats

I - Caractéristiques de la population étudiée
119 personnes de .. ans à .. ans
95 femmes (79%) de .. ans à .. ans
26 hommes (21%) de .. ans à .. Ans
Type de SED : hypermobile.

II - La rétraction des muscles ischio-jambiers dans 121 cas de SED hypermobile
- Nombre de cas avec une rétraction des muscles ischio-jambiers : 105 (89%), 81 femmes (77%), 24 hommes (23%).
Ces rétractions sont symétriques dans tous les cas.
- Sévérité
     - 1 (80°à 59°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 2 (60° à 44°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 3 (45° à 29°): .. cas (..%), femmes (..%)
     - 4 (30° à 0°) : .. cas (..%), femmes (..%)

III - La Rétractions de l’aponévrose plantaire dans 131 cas de SED
- Nombre de cas avec une rétraction de l’aponévrose plantaire : ..(..%), femmes (..%), hommes (..%).
Ces rétractions sont symétriques.
- Sévérité de la rétraction des aponévroses plantaires.
     0 : Pas de rétraction (pied totalement plat) : .. cas (..%), femmes (..%).
     1 : Rétraction de 1/3 de la plante : .. cas (..%), femmes (..%).
     2 : Rétraction de la moitié de la plante : (..%), femmes (..%).
     3 : Rétraction de 2/3 de la plante : .. cas (..%), femmes (..%).
     4 : Rétraction de la totalité de la plante : .. cas (..%), femmes (..%).

IV - Les corrélations entre les rétractions des muscles ischio-jambiers et celles des aponévroses plantaires
- 1 (80° à 59°) : .. cas (..%), moyenne des cotations de sévérité des rétractions plantaires : .. °
- 2 (60° à 44°) : .. cas (..%), moyenne des cotations de sévérité des rétractions plantaires : .. °
- 3 (45° à 29°) : .. cas (..%), moyenne des cotations de sévérité des rétractions plantaires : .. °
- 4 (30° à 0°) : .. cas (..%), moyenne des cotations de sévérité des rétractions plantaires : .. °

V - Les corrélations entre le test paume-sol (genoux tendus) de Beighton et la rétraction des muscles ischio-jambiers
- Nombre de cas avec une rétraction des muscles ischio-jambiers et une impossibilité de toucher le sol avec la paume des mains :
Femmes : .. (..%), Hommes : .. (..%)
Sévérité de la rétraction :
     - 1 (80° à 59°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 2 (60° à 44°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 3 (45° à 29°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 4 (30° à 0°) : .. cas (..%), femmes (..%)
- Nombre de cas avec une rétraction des muscles ischio-jambiers et la possibilité de toucher le sol avec la paume des mains :
Femmes : .. (..%), Hommes : .. (..%)
Sévérité de la rétraction :
     - 1 (80° à 59°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 2 (60° à 44°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 3 (45° à 29°) : .. cas (..%), femmes (..%)
     - 4 (30° à 0°) : .. cas (..%), femmes (..%)

VI - Corrélations entre l’amplitude des rétractions et l’impossibilité de toucher le sol avec les paumes.
- 1 (80° à 59°) : .. cas (..%), femmes (..%)
- 2 (60° à 44°) : .. cas (..%), femmes (..%)
- 3 (45° à 29°) : .. cas (..%), femmes (..%)
- 4 (30° à 0°) : .. cas (..%), femmes (..%)

 

Discussion

1 - La mise en évidence de rétractions musculaires précoces (présentes dès l’enfance) dans le syndrome d’Ehlers-Danlos pose trois questions :

2 - Par ailleurs, le test de Beighton a des limites et la place qui lui est donnée dans le diagnostic du SED nous semble excessive :

 

Conclusions

Un nombre important (89%) de personnes avec un syndrome d’Ehlers-Danlos hypermobile ont des rétractions des muscles ischio-jambiers qui font partie, de ce fait, du tableau clinique du syndrome. 73% de ces patients perdent un point (test paume-sol) dans le calcul du score de Beighton ; 14 d’entre elles (12%) ont un score très faible (4/9 et pour 2 d’entre elles : 2)

Ceci conduit à relativiser la valeur de ce score dans le diagnostic de la forme hypermobile du syndrome d’Ehlers-Danlos.

D’autres critiques doivent être formulées sur la valeur diagnostique de ce score :
- L’hypermobilité articulaire varie selon l’âge chez une même personne et selon les membres d’une même famille. Elle peut même manquer. L’examen peut être faussé par les douleurs et les contractures musculaires.
- Certaines articulations importantes dans la clinique au quotidien du SED (les épaules, surtout) ne sont pas concernées.
- Le recurvatum des coudes et genoux, suffisant pour obtenir les 4/9 usuellement exigés, est fréquent chez les jeunes femmes, sans signification pathologique.

Il conviendrait donc de faire évoluer ce test, dont la négativité ne permet pas, aujourd’hui, d’éliminer le diagnostic de syndrome d’Ehlers-Danlos et de donner davantage de place à d’autres manifestations (digestives, respiratoires, neurovégétatives) encore trop souvent écartées du tableau clinique (4).

 

Référence

Beighton PH, Solomon L, Soskolone CL, « Articular mobility in an African population », Am. Rheum. Dis.1973; 32 : 413-18.