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Claude Hamonet

 

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Les Disques du SED

25 mars 2015

 

Les disques intervertébraux sont souvent mis en accusation devant des douleurs du dos, surtout si des douleurs des membres inférieurs sont associées. Dans ce dernier cas, le nerf sciatique est souvent incriminé alors que la sciatique n’est présente que dans 1% des maux de dos. Par contre les douleurs du bas du dos sont très fréquentes, du fait des souffrances des articulations sacro-iliaques et les douleurs ligamentaires (tenseur du fascia lata, bandelette de Maissiat, tendinites des adducteurs ou du muscle couturier ou des pelvi-trochantériens) des membres inférieurs sont beaucoup plus fréquentes. La croyance populaire assimile, trop souvent, douleurs pelviennes et tendinites des membres inférieurs à une « lombo-sciatique ».

La texture des tissus conjonctifs du syndrome d’Ehlers-Danlos est responsable d’une véritable maltraitance (étirements excessifs, écrasements) des capteurs sensitifs implantés abondamment dans ces zones stratégiques pour une bonne perception proprioceptive de la position et du mouvement et réagissent sur un mode douloureux. Ceci explique la grande fréquence des douleurs du bas du dos, de la face externe des hanches et des cuisses, de la face interne des genoux, dans le syndrome d’Ehlers-Danlos.

Les disques sont faits, eux aussi, de tissu conjonctif et se déforment facilement du fait d’une souplesse excessive, ce qui, en imagerie donne des aspects de pincements, de bombements. Ailleurs on observe un aspect inhabituel de la structure qui évoque une usure, des aspects de hernie discale peuvent même s’observer. La souplesse des structures rachidiennes, la mobilité vertébrale est un atout favorable pour les personnes avec un syndrome d’Ehlers-Danlos, les racines « esquivent » aisément la compression, de même que la moelle à un niveau rachidien plus élevé, malgré les glissements de vertèbres. Nous n’avons pas rencontré de compressions médullaires et nous n’avons pas le souvenir de compressions radiculaires prouvées.

Le cas clinique récent est celui d’une femme de 45 ans qui a été opérée pour hernie discale, alors que le syndrome d’Ehlers-Danlos, pourtant évident, n’avait pas été diagnostiqué. Le chirurgien intervient et ne trouve pas de hernie. Par contre, au réveil, il y a une paralysie de L5 à gauche, qui ne récupèrera qu’incomplètement laissant un pied tombant qui ajoutera aux difficultés du contrôle moteur, du fait du syndrome d’Ehlers-Danlos. Il sera responsable de chutes par accrochage en passant un trottoir, induisant des douleurs durables comme dans tout traumatisme dans ce contexte. Il privera aussi, la personne, de la conduite automobile, pourtant bien utile pour améliorer l’autonomie de cette femme ainsi que celle de son fils, lui aussi avec un SED. Cette observation pose aussi la question de la fragilité des racines, de leur vascularisation principalement, lors de manipulations chirurgicales.