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Claude Hamonet

 

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La fragilité des patients Ehlers-Danlos face à l’épidémie de coronavirus

 

L'épidémie actuelle de coronavirus révèle la fragilité de certaines catégories de populations. Parmi celles-ci figure une maladie héréditaire fréquente du tissu conjonctif : Ehlers-Danlos. La fragilité de l’ensemble des tissus conjonctifs notamment bronchiques, la fatigue intense, la moindre résistance aux infections des conditions d’aggravation d’un état fonctionnel déjà précaire. Le risque est majoré du fait de sa méconnaissance par un grand nombre de médecins qui ne la connaissent pas ou s'appuient sur des descriptions incorrectes.

C'est exactement ce qui s'est produit, il y a deux siècles, avec Ignaz Semmelweis qui a découvert l'asepsie et, ce qui est singulièrement d'actualité aujourd’hui, l'efficacité du lavage des mains. Il a sauvé ainsi des milliers de femmes de la mort provoquée par des médecins aux mains souillées par les autopsies à mains nues qu'ils venaient de faire sur des femmes décédées, par septicémie (fièvre puerpérale), du fait de leur imprudence. Semmelweis a été le sujet de la thèse de médecine du Docteur Louis Destouches, plus connu sous le nom de Céline, en 1924, préparée à l'École de Médecine de Rennes où il a fait ses études, et soutenue à la faculté de Médecine de Paris dont dépendait l'École de Rennes à cette époque, sous le titre "la vie et l'œuvre de Philippe Ignace Semmelweis (1818-1865)", sous la présidence du Professeur Brindeau, Professeur d'obstétrique à la Faculté de Médecine de Paris. Semmelweis, malgré l'évidence des résultats de sa découverte, a été l'objet de critiques très sévères (accusation de "charlatanisme") de la part des médecins viennois mais aussi à l'étranger, notamment à l'Académie française de Médecine, où ses propositions de lavage des mains ont été rejetées par une commission présidée par Orfila, du fait des préjugés médicaux très tenaces et de la crainte de l’innovation. Il a terminé tragiquement, victime de la vindicte médicale.

Comme le Professeur Christian Hervé (Éthique médicale et juridique, Faculté de Médecine René Descartes Paris) l'a fait observer, il y a une similitude entre le refus de l’asepsie découverte par Semmelweis et le refus de reconnaître la maladie d’Ehlers-Danlos pour laquelle le diagnostic de certitude s’appuie sur les seuls signes cliniques à l’époque de la domination de la biomédecine.

Le paradoxe est créé par la survenue d’un ennemi invisible, un virus au comportement insolite, qui s’attaque à la population mondiale, face auquel les connaissances médicales sont en échec. Le geste retenu, face à la diffusion inéluctable de la maladie, est le lavage des mains qui est adopté par tous les responsables sanitaires et est même relayé par Google. C'est le plus bel hommage posthume qui pouvait être fait à Semmelweis. Le fait que tous les gouvernements aient été surpris par l'ampleur et la violence de l'épidémie de coronavirus que certains ne font que découvrir s'apparente à ce qui se produit avec Ehlers-Danlos dont les cas se multiplient dans le Monde sous la forme d’une épidémie silencieuse menaçant la vie des personnes atteintes et créant de multiples situations de handicap pour tous. Mais il y a une différence avec le coronavirus : dans la maladie d'Ehlers-Danlos, il y a des traitements qui ont commencé à faire effet et un schéma thérapeutique a pu voir le jour. Leur stricte application permettra de limiter les effets de l’infection virale.

Référence : Ehlers-Danlos, la maladie oubliée par la médecine, deuxième édition (2019), L’Harmattan, Paris.