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« Ces victimes sont des héros, des martyrs, des voyageurs perdus, rescapés d’un long voyage qui a failli être sans retour. »
Les patients admis en service de réadaptation médicale ou en centre de réadaptation fonctionnelle nous confrontent le plus souvent à la violence.
Violence de l’atteinte physique par traumatisme, hémorragie, anoxie, infection dans une origine de violence intentionnelle : agression, suicide, ou non intentionnelle : accident de la voie publique, évolution soudaine de la maladie cardiovasculaire…
La prise en charge en réanimation, les interventions neurochirurgicales, les soins intensifs confrontent à leur tour ces patients à la violence des soins et parfois des soignants.
Les actes de soins et de rééducations sont alors vécus en termes de persécutions insupportables et ressentis comme une violence psychique.
Devenir une personne handicapée n’efface en rien le fait d’être une victime.
L’esprit de vengeance et le besoin d’être entendu, plaint et restitué dans sa dignitéd’avant l’accident ou l’agression sont fortement liés à la notion de perte de l’honneur et s’inscrivent dans un cycle de violences.
L’accident ou l’agression constitue dans la vie de la victime handicapée une rupture non seulement dans sa continuité corporelle mais aussi dans sa continuité d’être.
C’est un traumatisme physique, l’atteinte à l’intégrité du corps et un traumatisme psychique, un désordre de l’économie psychique, subis dans un contexte particulier.
La perception subjective des faits accidentels et de leurs conséquences par la victime est à considérer. Il faut éviter, en cas d’échec de la réadaptation sociale, que le patient se perçoive non seulement victime du traumatisme accidentel ou volontaire mais aussi victime de l’injustice et de l’incompréhension humaine.
Ce préalable doit s’inscrire avant toute rencontre de la victime avec l’expert.
Le contexte même de l’expertise médico-légale est celui de la violence puisqu’il y a conflit entre deux parties et qu’il doit être arbitré soit par un juge soit par un expert-arbitre.
Ce conflit est bien souvent sous le signe de la violence : agression, violence automobile, responsabilité médicale.
Dans un domaine où la compétence du juge s’arrête aux méthodes d’investigation médicales, il fait appel à un médecin pour examiner la victime et pour lui fournir des réponses et des explications. Cependant le juge se réserve le droit d’accepter ou non les conclusions de l’expert.
Ces mêmes conclusions peuvent aussi être mises à mal par les avocats si elles ne leur conviennent pas.
La plus grande victime de la violence est pourtant celle qui l’a d’abord directement subie et qui ne bénéficie pas de toute la compréhension et même de la compassion qu’elle pourrait attendre dans une telle situation de fragilité pour elle.
La victime demande justice, c’est-à-dire vengeance et rééquilibrage du désordre social produit, ce qu’on entend par réparation ou compensation; mais aussi sanction du responsable ou du coupable.
*Ces éléments qui constituent le traumatisme psychique, souvent négligé, sont au cœur de la dynamique de la réadaptation et interfèrent avec l’action du médecin-rééducateur.
C’est pourquoi il doit être très présent dans cette démarche médico-légale dans laquelle il est, à la fois, conseiller et médiateur, aidé par les avis de son équipe et tout particulièrement des psychologues. Il convient aussi de repenser une nouvelle éthique de la réparation juridique qui ne doit pas être vécue comme une épreuve supplémentaire pour la personne handicapée et son entourage.