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Le site du Professeur |
Voir aussi :![]() Le site du Handitest, l’outil de mesure du handicap en quatre dimensions |
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C’est en 1970 que nous avons connu Jeannette HUTCHISON, responsable de l’équipe d’Ergothérapie de l’Institut de Réhabilitation de Montréal (plus tard francisé en « Institut de Réadaptation »).
Nous y poursuivions notre formation de Médecine physique et de réadaptation initiée par l’Internat des Hôpitaux de Paris, comme résident à l’Institut sous la responsabilité médicale du Professeur Gustave Gingras.
D’emblée nous avons été impressionné par cette femme et ses idées avant-gardistes sur l’Ergothérapie en Médecine de Réadaptation. Un certain nombre d’entre elles ont pu être reprises, lorsqu’à notre retour en France, nous avons eu la charge d’organiser le service de Réadaptation médicale du CHU Henri Mondor, un des tous premiers services centraux de cette spécialité en hôpital de court séjour.
Trois concepts ont été repris et appliqués avec succès à Henri Mondor :
1 - aller au devant des patients, dans leur chambre (y compris en réanimation). Mme HUTCHISON envoyait toute l’équipe d’ergothérapeutes le matin, auprès des hospitalisés, au moment des levers, des toilettes et des petits déjeuners. Personne de devait rester « en bas » sur le plateau technique à ce moment là.
2 - disposer à proximité de l’atelier d’ergothérapie d’une antenne de l’atelier d’appareillage pour des réalisations communes entre ergothérapeutes et ortho-prothésistes.
Souriante, disponible, désireuse d’expliquer aux autres, cette femme qui avait consacré son existence aux personnes handicapées ne manquait pas d’énergie. Elle assumait sa place professionnelle en pratiquant un féminisme sans excès affirmant que les femmes devaient s’affirmer avant tout par leurs compétences, ce dont elle était un bel exemple.
Elle nous a personnellement beaucoup appris et a une part importante dans la façon de développer l’Ergothérapie hospitalière et universitaire que nous avons appliquée à Créteil.
C’est pourquoi son nom a été donné à l’atelier d’Ergothérapie du service de Médecine Physique et de Réadaptation de l’hôpital Albert Chenevier.
Nous reproduisons l’intégralité du texte publié dans le bulletin de l’Institut de Réadaptation de Montréal, au moment de son décès.
« JEANNETTE HUTCHISON, NOTRE
“GRANDE DAME” DE L’ERGOTHÉRAPIE, N’EST PLUS !Le monde a perdu un des êtres les plus humains qui aient été. C’est ainsi que s’exprimait un ancien patient dans une lettre de condoléances qu’il adressait au docteur Gustave Gingras peu après le décès survenu à Montréal le 19 février 1974, de Mademoiselle Jeannette Hutchison, chef du service d’ergothérapie de l’institut de Réhabilitation de Montréal.
Sans aucun doute, ce sont là des paroles qu’épousent chacun des malades qui ont bénéficié des connaissances achevées de Jeannette Hutchison, chacun des membres du personnel de notre Institut, chacun des collègues qui ont eu le bonheur de la connaître et de travailler à ses côtés. Non seulement pour les efforts généreux et inlassables que déployait Mademoiselle Hutchison pour la réadaptation des handicapés physiques, mais encore pour son vaste savoir acquis au cours d’une longue expérience, ce qui lui permettait d’évaluer les cas avec rapidité et avec une aisance extrême. Rayonnante et sereine. Elle savait redonner confiance à chacun.
Le directeur général de l’institut, qui la comptait depuis longtemps au nombre de ses plus proches collaborateurs, lui a rendu un vibrant hommage. “Jeannette Hutchison” dit le docteur Gingras, “était une grande dame de l’ergothérapie. Cette science lui doit des innovations capitales particulièrement dans le secteur, relativement nouveau appelé "activités quotidiennes" où elle est l’auteur de techniques qui permettent à de grands malades de se dispenser d’aide dans les gestes nécessaires de tous les jours.” Depuis quelques années, Jeannette Hutchison travaillait à la rédaction d’un ouvrage sur cet aspect de l’ergothérapie, “Il est dommage qu’elle n’ait pas eu le temps de voir la publication de son volume”, poursuit le docteur Gingras, “mais j’ai la certitude que les membres de l’équipe quelle dirigeait si efficacement se chargeront de parfaire son oeuvre.”
“Cela fut un de ses grands regrets” ajoute-t-il, “et pourtant elle l’avait accepté, car c’était une femme d’une force morale peu ordinaire. Jamais Sa bonne humeur ne s’est démentie : même se sachant malade et condamnée, elle a continué à sourire et à communiquer sérénité et espoir à nos malades.” La carrière de Jeannette Hutchison fut très remarquable ; Ici et à l’étranger, on la connaît, entre autres, pour son travail auprès des enfants victimes de la thalidomide, pour les missions qu’elle a menées et pour Sa participation à plusieurs congrès Internationaux de médecine physique et de réadaptation. Avec la disparition de Jeannette Hutchison, notre Institut et la profession de l’ergothérapie tout entière perdent un de leurs membres les plus dévoués, les plus nobles et les plus illustres. »
(Extrait du Bulletin de l’Institut de Réhabilitation de Montréal, février 1974).