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Claude Hamonet

 

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Accessibilité… J’accuse !

Un droit fondamental pour tous qui est bafoué

« N’ayez pas peur de tout dire, la vérité est au-delà » (Proust)

Éditorial du numéro 1, volume 29 (mars 2009) du Journal de Réadaptation médicale, Elsevier-Masson éditeurs.

 

La question de l’accessibilité pour les personnes handicapées reste quasiment entière. C’est d’ailleurs essentiellement pour cela que ces personnes qui sont « hors normes » se retrouvent dans de multiples situations de handicap. Handicapés par un environnement devenu hostile, par ces contraintes incompatibles avec leurs aptitudes fonctionnelles.

En cette période commémorative d’anniversaire des Droits de l’Homme, il convient de mettre en avant ce droit humain sans lequel les autres ne sont rien : celui de se déplacer et d’accéder à tous les lieux de vie et de lien social, sans exception, sans discrimination.

La question est de plus en plus prégnante pour une population de plus en plus âgée qui comporte un nombre croissant de personnes aux capacités fonctionnelles restreintes par comparaison avec les capacités moyennes de la population.

L’impression générale du public est que la question progresse. Probablement parce qu’on en parle plus souvent et que l’on met en valeur des réalisations spectaculaires telles que la Cité des Sciences à PARIS.

Le contraste est évident entre la mise en place d’une plateforme élévatrice pour accéder au commissariat de Police, où l’on se rend rarement, et l’inaccessibilité de la quasi-totalité des commerçants de la ville où l’on est sensé se rendre tous les jours.

Et pourtant… les lois existent et se durcissent. C’est le cas de celle du 11 février 2005. Mais leur portée reste limitée et elles sont vécues comme une contrainte venue de minorités exigeantes (c’est ce qui m’a été dit par un architecte il y a quelques années dans un Institut d’Urbanisme), donc comme un coût et une tracasserie réglementaire de plus.

D’ailleurs, a-t-on besoin d’une loi pour comprendre qu’un plan incliné est plus facile et moins dangereux à utiliser qu’un escalier surtout lorsque l’on porte une valise qui peut aussi rouler ?

C’est un fait culturel plutôt que technique et la résistance à ces idées plonge probablement ses racines dans un rejet de tout ce qui n’est pas conforme à une « norme » de représentation de l’espace qui répond à un adulte standard.

C’est à ce bipède mesurant 1m70 et dénué de paquets lourds ou de poussette d’enfant, que l’ingénieur Fulgence Bienvenüe pour réaliser le métro parisien a du penser en lui réservant un choix remarquable de types d’escaliers et de portillons difficiles à passer. Et pourtant lui-même était concerné par les  situations de handicap puisqu’il était amputé d’un membre supérieur du fait d’un accident de chemin de fer en Bretagne.

Les préjugés (ou les oublis) sont tenaces et les professionnels de santé ne montrent pas l’exemple : telle école d’infirmières d’un grand hôpital parisien, telle faculté en région parisienne, restant inaccessibles à une personne en fauteuil roulant.

Pourtant, dans ce dernier établissement, des travaux importants ont été faits pour « désamianter » le bâtiment, alors ? Un plan incliné, des toilettes accessibles ce doit être possible, Non ?

Cette question clé pour réussir la Réadaptation et la participation sociale des personnes en situation de handicap ne peut laisser indifférents les médecins qui œuvrent dans la Médecine Physique et de Réadaptation.

Leurs connaissances du handicap en font des alliés et les conseillers de leurs patients. Leur engagement dans la réadaptation les mandate pour intervenir dans leur cadre de vie : leur ville, leur immeuble, leur hôpital, leur club de sport, l’école de leurs enfants ou leur structure de travail en réadaptation. Il faut tout faire pour promouvoir un droit à l’accessibilité face à un « pseudo droit » à l’inaccessibilité.

Cet immobilisme est insupportable. Nous ne pouvons plus être complice par notre silence. Nous ne pouvons, nous membres du pays des droits de l’Homme, accepter qu’une personne paraplégique, utilisant le fauteuil roulant, nous dise : à Paris je suis handicapée, à New York non ! L’accessibilité pour tous, application du principe de Liberté par l’autonomie, devrait être l’un des acquis fondamentaux d’une société dite moderne d’autant plus que c’est l’ensemble de la population qui en bénéficie.